La politique : précéder ou suivre Extraits de messages publiés sur le forum de Aujourd'hui Autrement |
De yves Accard Posté le : 17-10-04 à 16:20
Du temps de pharaon, le chef décidait et tout le monde
suivait comme un seul homme.
De nos jours, la politique se contente de suivre
: la société élabore des changements et les hommes politiques se contentent de
voter des lois pour prendre en compte ces changements.
Depuis l'avènement des
sciences modernes , ce sont les progrès des sciences et techniques qui font
évoluer la société, la encore la politique ne fait que suivre.
Alors et si
nous renversions la vapeur, si nous mettions des idéaux au premier rang de nos
préoccupations !
De Philippe Lohéac vice-président délégué Posté le : 21-10-04 à 09:58
Très intéressante réflexion.
Cela nécessite de la
part de chacun un sens de la responsabilité et de l'effort que, le confort du
modernisme aidant, nous avons perdu.
Nous sommes bien loin des promesses de
Churchill qui n'avait "à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la
sueur" et des injonctions de Kennedy qui souhaitait que son peuple se demande
"ce qu'il pouvait faire pour son pays et non pas ce que son pays pouvait faire
pour lui".
Aujourd'hui, nous dérivons dangereusement vers une société de
l'irresponsabilité.
Alors, accepter des mesures fortes, qui remettraient en
question nos petits acquis et nos petits avantages, même si c'est pour le bien
de la société, il n'en est pas question.
Les responsables politiques, qui
sont des femmes et des hommes comme les autres, ne se comportent pas
différemment. Et courent après l'électeur, plutôt que de le précéder.
A nous,
à Aujourd'hui, Autrement, d'être différents. C'est notre défi.
De yves Accard Posté le : 23-10-04 à 17:45
Je suis très content de vous voir partager ma réflexion, mais puisque vous êtes un parti politique comme les autres (vous avez choisi le chemin des urnes), vous êtes vous aussi en quête d'électeurs et donc peut être tenté de leur faire miroiter certaines facilités qu'ils auraient si vous étiez élus. Car si vous leur dites certaines vérités (par exemple que c'est à eux de se réveiller), vous risquez de ne jamais être élus !
De Armelle Maddison vice-présidente
Posté le : 23-10-04 à 18:23
Cher Yves,
Comment voudriez-vous que
nous soyons un parti politique qui ne veut pas se faire élire
?
Savez-vous pourquoi nous voudrions -oui, comme les autres il est vrai-
l'être ? Pour mettre en application nos idées et faire évoluer la société dans
le sens de notre idéal !
Choisir la voix des urnes, être "comme les
autres", semble si peu vertueux à vous lire... Pourquoi cela, Yves ?
Pourriez-vous nous l'expliquer ?
S'il en était autrement, nous nous
appellerions "des philosophes" et pas des politiciens. Nous serions dans le
registre de "l'amour de la sagesse", pas dans celui de l'action. Car je ne vous
ferai pas l'injure, Yves, de vous rappeler que la politique est l'art du réel.
Cela ne l'empêche pas d'être sous-tendue par des idéaux moraux et
philosophiques.
Faut-il être un philosophe pour être digne de confiance ?
Vouloir agir sur le réel est-il une tare ?
Indiquez-nous comment sortir
de cette gageure, Yves : avoir de bonnes idées mais les garder pour soi, afin de
n'être pas soupçonné de vouloir faire voter pour soi, alors qu'en réalité c'est
exactement ce dont on a besoin pour faire bouger les choses... ?
De yves Accard Posté le : 28-10-04 à 09:58
Voici ma réponse à Armelle Maddison
La
politique "par le haut" (passage par les urnes) n'est pas le seul moyen de faire
évoluer la société, il y a aussi la politique "par le bas", c'est la politique
que chacun pratique au quotidien en choisissant telle pensée, telle émotion,
telle parole, tel acte. C'est l'ensemble de tous ces choix qui au final font que
la société vas bien ou mal. Et une fois qu'un nombre suffisant a opéré des
changements en lui même, alors des convergences peuvent apparaître, des nouveaux
mouvements peuvent se créer et une vie nouvelle peut se manifester sur le plan
collectif. Cela provient donc d'un changement intérieur et choisi, tous les
changements extérieurs imposés par la loi, sont "subis" et l'efficacité me
semble très médiocre.
Le vrai pouvoir me semble être la capacité de faire
quelque chose soi même, d'avoir telle qualité, et une fois cela solidement
acquis, on peut espérer aider les autres par l'exemple vivant que l'on
donne.
La voie des urnes ne manque pas forcément de vertu, la vertu est dans
celui qui brigue un mandat, selon qu'il le fait pour son propre intérêt ou pour
se mettre au service des autres.
Toute personne est plus ou moins en quête
d'amour et de sagesse, il y consacre plus ou moins de temps selon ses goûts et
ses intérêts, donc l'homme politique n'échappe pas à la règle.
S'intéresser à
son propre accomplissement est une chose tout à fait réelle et peut être plus
réelle que de voter des lois dont seul un nombre infime aura connaissance (ou
sera motivé par).
Les bonnes idées ne sont pas à garder pour soi, pour ma
part, j'ai créé un site Internet et je fréquente des café philo ainsi que
différentes associations (et votre forum bien sur)
Agir sur le réel n'est pas
une tare, mais pour agir vraiment, il faut aller dans le monde causal, remonter
à la source des problèmes, ce qui soit dit en passant n'est pas fait par les
hommes politiques qui se contentent de coller des rustines sur les failles
apparentes et immédiates.
Donc vive le mariage de l'action et de la
réflexion, vive le mariage de l'individuel et du collectif.
De Armelle Maddison vice-présidente Posté le : 29-10-04 à 15:09
Cher Yves,
Cette fois-ci je vous suis
mieux et je partage votre point de vue.
Comme vous, je crois que l'un
n'empêche pas l'autre, que l'un et l'autre sont complémentaires : l'intérieur et
l'extérieur, la réflexion et l'action, soigner la cause et les
effets.
Mais je crois qu'il faut rendre à César ce qui est à César et
bien qu'engagée en politique, je ne lui accorde pas un rôle "totalitaire" : la
plus belle fille ne peut donner que ce qu'elle possède, dit-on, et il en est de
même de la politique.
La recherche individuelle, la réflexion, les études, la
participation à des associations, le simple fait de sourire à quelqu'un ou de
lui tenir la porte, sont des facteurs qui ont un impact sur chacun et sur
son/notre rapport au monde et à "l'autre".
Tout a de l'importance, rien n'est
à négliger.
Une croyance juive dit qu'à la fin des temps, chaque homme
pourra voir l'intégralité des effets de chacune de ses actions. J'aime cette
idée, car je crois que chacune de nos actions peut avoir un impact insoupçonné.
On peut éclairer la journée d'un piéton triste, devant lequel on arrête sa
voiture pour le laisser traverser.
Néanmoins et pour contrebalancer ce
que vous dites, je crois également que la politique ne doit pas attendre que les
citoyens aient évolué sur certaines questions, pour imposer des mesures qui
feront évoluer les esprits une fois mises en place. J'écoutais Simone Veil à la
radio hier, disant qu'à l'époque du vote sur la légalisation de l'avortement, de
nombreuses personnes qui s'y opposaient a priori, changèrent d'avis lorsque la
loi entra en vigueur. Non pas par "suivisme", mais parce qu'elles avaient besoin
d'en voir les effets pour l'approuver.
Lorsque j'ai fait mes études de
droit, les professeurs disaient que le droit suit les faits, qui à leur tour
suivent le droit, dans un perpétuel mouvement de complémentarité. Pour vous qui
aimez la philo, je peux étendre cet exemple à la fameuse dialectique hegelienne
: thèse, antithèse, synthèse.
Je crois que la politique agit de même avec
les faits et les croyances. Ni plus, ni moins.
De yves Accard Posté le : 29-10-04 à 23:46
Bravo pour cette prise de position, j'espère que face
à vos futurs électeurs, vous aurez le courage de quitter le traditionnel "J'ai
bien compris vos problèmes, j'ai les solutions, votez pour moi et retournez vous
asseoir dans vos canapés, tout ira bien" pour le remplacer par "Nous ne pouvons
pas faire grand chose sans votre participation, alors réveillez-vous, unissez
vous autour de belles valeurs, nous vous aiderons à les incarner"
Et donc,
pour reprendre mon propos initial, que les hommes politiques soient les porte
flambeaux de valeurs nouvelles, qu'ils les incarnent par eux même et qu'ensuite
ils entraînent les autres par leur charisme.
Voila c'est fini, vous pouvez reprendre une activité normale